La psychanalyse du fer
Je parle de la psychanalyse du fer car la tôle d’acier me semble être un matériau proche de l’âme humaine. On peut la caresser, la flatter, provoquer en elle une faiblesse, lui imposer une tension, une pression, la tordre, la blesser, la réparer, la polir, la dépolir et en dernier recours la peindre pour cacher sa vraie nature. La subtile technologie dont est issue l’acier s’apparente à l’éducation d’un humain dans la mesure où il n’y a rien de naturel de l’extraction à la transformation du minerai. Comme un adolescent qui aussitôt libéré de l’emprise parentale va transgresser les principes inculqués, la plaque de tôle dès que vous la laissez livrée à elle-même va s’oxyder pour retourner le plus vite possible à l’état de nature, de minéral, de poussière. C’est en rouillant que la plaque de tôle accomplie sa résilience.
Fruit d’un accouplement du feu et de la pierre le fer essaye en s’oxydant d’oublier le traumatisme fusionnel qui l’engendra.
Goulven, à Toulon le 21/09/2019